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Appels à contributions
Anthropologie de la médecine créole haitienne 

Anthropologie de la médecine créole haitienne

Publié le par Université de Lausanne (Source : Obrillant Damus)

Anthropologie de la médecine créole haïtienne

Sous la direction de

Obrillant Damus (Professeur aux universités d’État d’Haïti et Quisqueya). Contact : oobrillant@yahoo.fr

Nicolas Vonarx (Professeur titulaire à l’université Laval, directeur de programme de doctorat en santé communautaire). Contact : Nicolas.Vonarx@fsi.ulaval.ca

 

Appel à texte

 

Dans toutes les sociétés, on rencontre des réponses explicatives de la maladie et des réponses pratiques qui y correspondent. Ces réponses sont plus ou moins partagées socialement et forment dans certains cas des systèmes de soins et des médecines plus ou moins élaborés. Ces réponses sont diffusées comme savoirs profanes en lien avec la santé-maladie, et peuvent encore se présenter comme savoirs experts aux mains de thérapeutes et soignants reconnus qui se rendent disponibles dans des recherches d’aide et des recours thérapeutiques. Le tout compose un paysage médical qui permet de produire du sens dans les événements que sont les maladies, et de chercher à résoudre, effacer, atténuer et prévenir leurs manifestations.

En Haïti, comme ailleurs dans le monde, le paysage médical est pluriel. Si on s’arrête uniquement aux experts, thérapeutes et guérisseurs que la population consulte, on retient qu’il est meublé de oungan, bokò, manbo (praticiens vodou), de medsen-fèy (médecins-feuilles), matròn (accoucheuses), pè-savann (pères-savanes), par des thérapeutes actifs dans des Églises de guérison (des pasteurs notamment) et des professionnels de santé attachés aux services de santé inscrits dans un registre de pratique biomédicale (médecins, infirmières, pharmaciens en particulier). La plupart de ces figures étaient déjà présentes dans le temps de la société de plantation alors que d’autres relèvent de contingences historiques et de facteurs divers. En effet, pour se soigner, les esclaves de Saint-Domingue avaient développé des savoirs en phytothérapie. Toussaint Louverture[1], premier général noir de la République française, qui joue un rôle de premier plan dans l’indépendance d’Haïti, est lui-même un médecin-feuille, spécialiste des plantes et des os. Durant la guerre d’indépendance, les femmes soignent avec des plantes les soldats blessés. Après l’indépendance, elles continuent à soigner leurs homologues dans les communautés rurales. Elles les aident durant la grossesse, pendant et après la naissance de leur enfant. En 2013, les matrones ont réalisé 97.10% d’accouchements non institutionnels, d’après un rapport sur les statistiques sanitaires publié par le Ministère de la santé publique et de la population.

Transmise de génération en génération, la médecine créole, très répandue dans toutes les couches sociales, est à la fois magique, symbolique, religieuse, mythologique, technique et rationnelle. Pour des raisons d’ordre à la fois géographique, économique, culturel et social, les Ruraux y recourent davantage que les Urbains.

En considérant souvent que la présence de la médecine occidentale devrait conduire à l’effacement des autres secteurs de soins et des autres figures thérapeutiques, nous pouvons nous demander si c’est vraiment le cas en Haïti, si les autres figures réagissent à la présence de théories, de pratiques et de services importés, et aux changements sociaux qui ont lieu en Haïti. Globalement, nous pouvons nous demander comment « se portent » aujourd’hui tous ces acteurs en compétition dans ce paysage médical, comment ils négocient la présence des uns et des autres, ce qu’ils offrent aux personnes qui les consultent, comment ils s’organisent sur le plan pratique pour répondre aux demandes qui leur sont adressées, comment ces pratiques se transforment au gré de rencontres, et quels savoirs en sont les sources.

L’appel à texte vise donc à apporter des éclairages à propos de cet aspect du paysage médical haïtien, sur sa pluralité, sur les interactions qui y ont lieu et sur la singularité des figures listées ci-dessus. Il s’adresse aux chercheurs(es) en sciences humaines et en sciences de la santé qui s’intéressent à la médecine créole haïtienne.  Les contributions qui portent sur la médecine et les figures haïtiennes déplacées hors de l'île, dans la région Caraïbe, en Europe et en Amérique seront également prises en compte.

 

Consignes éditoriales

Chaque texte peut contenir 15 à 40 pages (interligne 1,5 ; taille 12 pour le texte principal.  Taille 10 pour les citations et les notes infrapaginales. Police : Times New Roman). La date butoir de réception des contributions est fixée au 31 mai 2018. Le collectif sera publié en décembre 2018, au plus tard.

Les unités bibliographiques doivent être conformes aux normes de l’APA. Exemples :

De Koninck, Thomas (2015). À quoi sert la philosophie ? Québec : PUL.

Durkheim, Émile (1897). Le suicide. Étude de sociologie. Paris : PUF.

 

 

 

 

 

[1] Toussaint Louverture (1743-1803), descendant d'esclaves noirs, qui joue un rôle de premier plan comme chef de la Révolution haïtienne, entre 1791 et 1802, est l’une des grandes figures des mouvements anticolonialiste, abolitionniste et d'émancipation des Noirs. Lamartine disait de lui : « Cet homme est une Nation ».