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La mort et l'art (Rennes)

La mort et l'art (Rennes)

Journée d’étude organisée par les doctorant-e-s d’Histoire et Critique des Arts

Les doctorant-e-s de l'équipe d'accueil 1279 Histoire et Critique des Arts de l’université Rennes 2, après avoir organisé deux journées d’études « Présenter l’art » (2015) et « Art et pouvoir » (2016) souhaitent développer une réflexion sur les relations entre l'art et la mort.

Depuis le milieu du XXe siècle, et particulièrement à partir des années 1970, la mort est une thématique récurrente des sciences humaines, ce qui a permis à l'historien Michel Vovelle d’affirmer, en 1982, que « l'histoire de la mort n'était pas une mode : elle ne fait que commencer1 ». Ce dernier, selon une approche davantage anthropologique et culturelle, mettait alors en évidence qu’à travers le prisme de cet « invariant2 », les vies humaines se reflètent, comprenant les croyances et les comportements face aux événements qui rythment leurs existences. L’auteur ouvrait ainsi l’étude de la mort à tout un répertoire de connaissances, de gestes et de pratiques dont les incidences et les correspondances dans les productions artistiques méritent amplement d’être interrogées.

En effet, depuis les premières formes d'expression jusqu'à nos jours, la présence notable de la mort dans l'art comporte de nombreuses variations selon les époques et les sociétés. Si la mort s’entoure d’objets, d’œuvres, de rites, d’espaces, il reste donc à questionner davantage quels sont leurs formes, usages, représentations et emplacements.

Suivant l'évolution de l’art lié à la mort, des premières manifestations à l'apogée de l'art macabre au XVe siècle, sa résurgence au XIXe siècle jusqu'à son rejet de la sphère quotidienne au cours des XXe et XXIe siècles, nous souhaitons questionner, par le biais des manifestations artistiques, la multiplicité et la diversité des attitudes face à la mort. Celles-ci oscillent entre l’acceptation et la négation, en passant par la neutralité et l’inintérêt, et ce jusqu'à la patrimonialisation et la commercialisation.

1. Vovelle Michel, « Encore la mort : un peu plus qu'une mode ? » In Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 37e année, N°2, 1982, p. 286
2. Idem, p. 276

Ces changements s’illustrent par exemple par le déplacement des corps des défunts de la cellule privée vers des espaces dédiés, en dehors du monde des vivants depuis les périodes préhistoriques, ainsi que par la création de portraits et masques funéraires à l'Antiquité. Mais aussi par le développement de ce que l'on nomme des Memento Mori et des vanités, l'édification d'ossuaires monumentaux et de monuments aux morts, ou encore, plus récemment, la conception d'expositions telles Deadline (musée d'art moderne de la ville de Paris, octobre 2009 - janvier 2010) et Préhistoire(s), l'enquête (Espace des Sciences, Champs Libres, Rennes, avril-août 2014).

Dans le cadre de cette journée d’étude, il s’agira de comprendre comment ces formes évoluent-elles au cours du temps ? Comment témoignent-elles des questionnements d’une époque ? Leurs herméneutiques permettent-elles une appréhension nouvelle du phénomène mortuaire ? Comment une époque bouleverse-t-elle les rapports à la mort en fonction d’événements (épidémies, génocides...) ou d’idéologies (hygiénisme, glorification...) ?

Cet événement scientifique, dans une visée transhistorique et transdisciplinaire, sera l’occasion de s’intéresser aux évolutions, caractéristiques et modalités inhérentes aux objets, œuvres d'art et pratiques performatives liées à la mort. Les mises en scène de la mort ainsi que les codes formels et stylistiques des objets et des œuvres pourront être analysés, tout comme les discours et les rituels qui les accompagnent, et ce par le biais d’études de cas.

Les propositions de communication et leur titre doivent nous parvenir par e-mail à l'adresse labo.doc.hca@gmail.com sous la forme d'un texte de 200 mots maximum, au plus tard le 1er avril 2017.

Comité organisateur : Clara AUGER, Virginia de la CRUZ LICHET (EA4327), Marie DRUAIS, Adam EVRARD, Perrine FERRONI, Hélène HEYRAUD, Raphaële JEUNE, Clémence MOULLÉ PRÉVOST, Baptiste PILO, Alexandra SIDERIDOU