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Mythes modernes et contemporains des dangers du savoir (Clermont-Ferrand)

Mythes modernes et contemporains des dangers du savoir (Clermont-Ferrand)

Publié le par Marc Escola (Source : Catherine Songoulashvili)

Appel à communications 

Journée d’étude « Mythes modernes et contemporains des dangers du savoir »

organisée le 12 octobre 2018

à la MSH de Clermont-Ferrand

par le Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique

 (CELIS, EA 4280 – Université Clermont Auvergne)

sous la direction d’Hélène Vial

(équipe « Littératures et Représentations de l’Antiquité et du Moyen Âge »)

 

Cette journée constitue le point final du projet « Mythologies des savoirs : de l’ivresse aux dangers » mené depuis 2013 dans le cadre du programme transversal du CELIS « Les enjeux des savoirs : héritage, transmission, pouvoirs » coordonné par Philippe Mesnard (http://celis.uca.fr/spip.php?article665), projet qui s’inscrit aussi pleinement dans les travaux de l’équipe « Littératures et Représentations de l’Antiquité et du Moyen Âge » (http://celis.uca.fr/spip.php?rubrique11) dans son programme « Histoire des représentations de l’Antiquité » (http://celis.uca.fr/spip.php?article1314).

Si la question des savoirs (de leur acquisition, de leurs formes, de leur diffusion, de leurs usages) est évidemment fondamentale dans la littérature de l’Antiquité et si, en particulier, le savoir constitue un motif déterminant dans les mythes, qui le représentent le plus souvent comme objet d’ambitions et de désirs légitimes, rejoignant l’essence même de la condition humaine, les récits mythologiques grecs et romains abordent aussi de manière récurrente les risques impliqués par la détention de ce savoir. Qu’il s’agisse d’une découverte scientifique, de l’acquisition d’un savoir-faire technique ou, plus largement, du passage de l’ignorance à la connaissance et notamment à la connaissance de soi, de nombreux textes laissent entendre, voire affirment qu’il vaut parfois mieux ne pas savoir ou, tout au moins, ne pas trop en savoir. Empruntant le langage mythique, ils nous décrivent, autour de personnages que leur grandeur et leurs tourments rendent archétypaux, les dérives, les excès et les catastrophes suscités par l’accès de l’homme (que ce soit l’être humain en général ou un individu précis) à un savoir qui aurait dû lui rester inaccessible, qu’il soit l’apanage d’une instance supérieure (les dieux, les dirigeants politiques, les philosophes, etc.) ou, surtout, qu’il devienne, une fois placé dans les mauvaises mains, potentiellement ou réellement destructeur, non seulement pour celui qui en est le détenteur et pour son entourage, mais quelquefois même pour la cité, voire l’humanité tout entière. L’étude des racines antiques de cette question, envisagées comme point de départ d’une chaîne ininterrompue de réécritures allant jusqu’à notre époque, permet d’analyser les ressorts de son universalité et de son actualité. Cette réflexion collective a donc eu pour ambition de mettre en lumière les différentes facettes d’un problème complexe qui, au fil des siècles, des auteurs et des œuvres, révèle la multiplicité de ses dimensions (scientifique, philosophique, morale, psychologique, politique) et soulève d’importants enjeux esthétiques et génériques.

Elle s’est développée en six volets :

1. 21-22 mars 2013 : Colloque « Les Sirènes ou le savoir périlleux. D’Homère au xxie siècle », Clermont-Ferrand, Maison des Sciences de l’Homme. Actes publiés en 2014 (Rennes, Presses Universitaires de Rennes, « Interférences »).

2. 2013-2015 : Figures tragiques du savoir dangereux

a) 4-5 avril 2013 : Journées d’étude et d’agrégation « Entre gloire et désastre : les figures mythiques du savoir chez les tragiques grecs et leur postérité », Clermont-Ferrand, Maison des Sciences de l’Homme. Actes publiés en 2015 (Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, « Cahiers de philologie ») en collaboration avec Anne de Cremoux (Université Charles de Gaulle - Lille 3).

b) Volume collectif Cassandre, figure mythique du témoignage et de la transmission mémorielle (Véronique Léonard-Roques et Philippe Mesnard, dir.), Bruxelles, Kimé, « Témoigner. Entre Histoire et mémoire », 2015.

3) 24 janvier 2015 : Journée d’étude « Les mythes romains et les dangers de la connaissance dans l’Antiquité et dans leur tradition » à la Sorbonne, en collaboration avec Hélène Casanova-Robin (Université Paris Sorbonne - Paris 4). Actes en préparation, en collaboration avec Hélène Casanova-Robin, pour soumission au comité de lecture de la collection « Mythographies et Sociétés » des Presses Universitaires Blaise Pascal.

4) Élaboration du volume collectif Les Mythes du savoir dangereux dans la littérature scientifique et philosophique de l’Antiquité, en collaboration avec Alain Petit (Université Clermont Auvergne) et Carlos Lévy (Université Paris Sorbonne - Paris 4). En préparation.

5) 18 mai 2016 : Séminaire « Séductions et périls du savoir dans les récits bibliques » (Clermont-Ferrand, Maison des Sciences de l’Homme). Actes en préparation.

6) 12 octobre 2018 : Journée d’étude « Mythes littéraires modernes des dangers du savoir » (Clermont-Ferrand, Maison des Sciences de l’Homme)

Les quatre premiers volets se sont fondés sur l’étude des grandes figures mythiques grecques et romaines dans lesquelles s’incarne le motif du savoir dangereux : les Sirènes homériques, Cassandre dans l’Agamemnon d’Eschyle et les Troyennes d’Euripide, Prométhée dans le Prométhée enchaîné d’Eschyle, Œdipe chez Sophocle et Sénèque, Theuth dans le Phèdre de Platon, la Sibylle, mais aussi de multiples personnages des Métamorphoses d’Ovide (Actéon, Tirésias, Narcisse, Arachné, etc.) ou encore la Psyché d’Apulée. Ces figures y ont été envisagées non seulement dans leurs incarnations antiques, mais dans la totalité de leur devenir littéraire, jusqu’au xxie siècle. Le cinquième volet a été consacré à des personnages et des situations bibliques étroitement liés à l’accès à un savoir excessif : la femme de Loth ou Joseph, l’épisode de la tentation et de la Chute – où Adam et Ève consomment le fruit interdit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal – ou celui de la Tour de Babel – où les langues sont brouillées et les hommes dispersés sur la surface de la terre afin que leur pouvoir soit limité. Cette sixième et dernière rencontre portera, elle, sur l’étude de mythes littéraires modernes et contemporains. Car, plus récemment, d’autres figures mythiques liées au savoir dangereux, néfaste, se retournant en catastrophes, ont émergé, parfois ancrées dans des modèles plus anciens (ainsi Mary Shelley qualifie-t-elle Frankenstein de « Prométhée moderne », et l’un des personnages du Portrait de Dorian Gray dit du personnage éponyme « c’est un Narcisse ») mais constituant de véritables innovations dans le champ mythique. Ces innovations sont particulièrement intéressantes pour de nombreuses raisons et notamment pour deux d’entre elles, l’une de « fond », l’autre de « forme » : d’une part, elles touchent très souvent au tabou de la (re)création artificielle de l’homme par l’homme, envisagé comme savoir interdit ; d’autre part, elles s’inscrivent fréquemment dans des types d’écriture qui, s’ils ont été préparés par certaines œuvres antiques (pensons en particulier aux Métamorphoses d’Ovide, épopée hors norme du vacillement entre le naturel et le surnaturel), explorent fréquemment des voies singulières en matière de genres (la science-fiction, la fantasy), de formes (la nouvelle, la bande dessinée et en particulier le manga), de registres (le fantastique). Ce sont ces reconfigurations thématiques et formelles de la question des dangers du savoir, et la manière dont, par elles, cette question produit encore à l’époque moderne et contemporaine de nouvaux mythes, qui seront étudiées lors de cette journée.

Les actes de cette journée seront proposés à la collection « Mythographies et sociétés » des Presses Universitaires Blaise Pascal.

Les propositions de communication (titre et résumé), accompagnées d’une brève biobibliographie, sont à adresser avant le 30 janvier 2018 à Hélène Vial (hlnvl@free.fr).