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Colloque international "Francophonie et langues migrantes"

Publié le par Université de Lausanne (Source : Mounir OUSSIKOUM)

Colloque international "Francophonie et langues migrantes"

Le Laboratoire de Recherches Appliquées sur la Littérature, la Langue, l’Art et les Représentations Culturelles et la Chaire Francophonies / Migrations (CERES ICT -  France) organisent, les 23 et 24 mars 2020, un colloque international sur le thème « Francophonie et langues migrantes ».

                                                     Argumentaire

Le français n’est pas la langue unique dans les pays francophones, ce qui rend différents ou complexes les rapports entretenus avec cette langue. En effet, dans un pays où le français n’est pas une langue nationale, il se trouve soit dans un rapport de conflit, soit dans une situation de contact avec d’autres langues. L’espace francophone est une sphère où se côtoient plusieurs systèmes linguistiques et par conséquent, plusieurs cultures et plusieurs identités. Cette pluralité linguistique, culturelle et identitaire protéiforme s’est développée à travers l’Histoire et a donné naissance à des situations linguistiques variables d’un pays à un autre. Ces langues, qui cohabitent, se sont installées de différentes manières - colonisation, voisinage, commerce, immigration -  et ont donné naissance à des politiques linguistiques distinctes. Certes, si certains locuteurs développent deux facettes de leur personnalité selon qu’ils sont dans des situations formelles ou informelles, les multi-ethnies, à leur tour, peuvent diviser de la même manière les répertoires linguistiques d’autres locuteurs. Le Maroc est l’exemple de cette situation puisqu’il y coexiste quatre langues dont deux, l’arabe classique et le français qui, ayant été introduites de manières différentes, ne peuvent être considérées chronologiquement comme les langues premières des Marocains. Si l’arabe a atteint une sacralisation grâce à l’islamisation, le rapport au français, même largement pratiqué, reste le centre de tensions et de stigmatisation en raison de son lien à la colonisation et peut-être aussi par la manière dont sa littérature véhicule l’esprit critique.

En revanche, même si les langues qui coexistent sont réparties politiquement, elles se voient  fortement affectées puisqu’elles s’interpénètrent dans la communication quotidienne, en particulier avec les langues maternelles, restées le plus souvent orales. 

De ce fait, le statut de la langue française varie à travers le monde, ou à travers tout l’espace francophone, de langue nationale à langue officielle. La langue française peut également être perçue, suivant les contextes  historiques et géopolitiques, comme première, seconde ou troisième langue étrangère. Cette situation de cohabitation en se métissant avec les langues originelles a donné naissance à différents « français » et marque ainsi un phénomène que l’on peut qualifier de migration linguistique. Ces changements ne sont pas dus uniquement à la coexistence des langues officielles, mais aussi aux langues enracinées depuis des siècles et à celles dites récentes ou migrantes. Ceci permet de comprendre l’influence des facteurs internes et externes sur une langue.

L’Homme entretient des rapports particuliers avec sa langue du fait qu’elle coïncide avec sa prise de conscience du monde dans lequel il vit  ;  elle reflète à la fois idées et identité, ainsi que la manière dont un groupe de locuteurs parle et permet de saisir la façon dont ces individus se perçoivent eux-mêmes et celle dont ils perçoivent les autres. S’ils réussissent à apprendre une nouvelle langue et à s’approprier de nouvelles formes, ils développent de nouvelles façons de parler, imprégnées de leurs  langues maternelles. C’est dans ce sens qu’on distingue les français d’Europe des français exportés. Ces distinctions sont fondées sur différents facteurs linguistiques et culturels.

 De même, les nouveaux arrivants dans un espace apprennent la langue du pays accueillant pour accélérer leur intégration et réduire le sentiment d’insécurité. Ils développent, en parallèle, des tournures originelles leur permettant de se reconnaître dans leur groupe et de conserver les caractéristiques de leurs communautés. Ces différentes colorations qu’acquiert la langue française à travers le monde, essentiellement dues aux divergences ethniques, historiques, politiques, linguistiques et éducatives des pays en question qui peuvent entraîner quelques problèmes et difficultés, et parfois des oppositions à propos de la vernacularisation, de l’hybridation et de la relation avec la norme ou les normes. 

Si l’on parle d’une francophonie politique et institutionnelle, l’on distingue aussi une francophonie littéraire et culturelle qui se proclame un outil de communication interculturelle. En fait, il s’agit des littératures francophones que l’on ne peut considérer comme de simples annexes de la littérature française. Il s’agit aussi d’une production authentique née du mélange d’une identité, d’une langue, d’une Histoire, d’un rapport particulier à la société et au monde. 

Cette pluralité d’horizons culturels, qui transparait  à travers la variation et la variété des œuvres littéraires, se répercute sur la langue d’écriture. En effet, l’écrivain migrant se trouve entre deux langues et doit, de ce fait, effectuer un choix entre sa langue maternelle et celle adoptée, voire s’engager dans une troisième voie en lien avec son bagage linguistique personnel. Cela implique une translation culturelle et une mouvance identitaire qui permettent de nourrir la création littéraireet nous invite également à réfléchir sur la langue d’usage. Effectivement, en choisissant d’écrire dans la langue de l’Autre, l’auteur effectue les transferts culturels lui-même, alors qu’en choisissant sa langue maternelle, il laisse cette tâche au traducteur d’où le dilemme entre ce qui peut être transféré et ce qui relève de l’intraduisible. Cependant, il ne faut pas négliger l’apport considérable de la traduction dans l’ouverture à la connaissance d’autres cultures, laquelle traduction participe au rayonnement, non seulement de l’auteur traduit, mais également de son origine. Il n’est qu’à penser à la littérature russe admirée dans le monde entier ou encore à Naguib Mahfouz qui serait demeuré ignoré, en dépit de son prix Nobel, sans l’œuvre des traducteurs.

Ce colloque international Francophonie et langues migrantes est l’occasion de considérer la francophonie dans ses dimensions linguistique, historique, didactique, sociologique et littéraire. Il sera structuré autour des thèmes suivants :

  • Francophonie et langues en contact ;
  • Identités francophones et idéologies ;
  • Diversité linguistique et justice sociale ;
  • Éducation dans des sociétés linguistiquement diverses ;
  • Littératures migrantes et traduction ;
  • Francophonie littéraire à l’épreuve de la diversité ;
  • Traductions et spécificités linguistiques. 

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Soumission des participations : Remplir le formulaire ci-joint :

https://forms.gle/s1CC5wu6af4KbaS28

- Date limite d’envoi des propositions :  1er novembre 2019. 

- Retour des propositions aux auteurs : 20 novembre 2019.

- Envoi des communications complètes : 29 février 2020. 

- Date du colloque : 23 et 24 mars 2020.

- Langues du colloque : français, anglais et arabe.

Après avis du comité scientifique, la publication d’un volume sur le thème « Francophonie et langues migrantes » sera prise en charge par la Chaire Francophonies / Migrations (CERES ICT). 

Adresse du colloque : francophonielanguesmigrantes@gmail.com 

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Coordinateurs du Colloque : 

Mounir OUSSIKOUM : Université Sultan Moulay Slimane

Bernadette REY MIMOSO-RUIZ : Institut Catholique de Toulouse