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Ironie et humour : imaginaire et représentations (Pitesti, Roumanie)

Ironie et humour : imaginaire et représentations (Pitesti, Roumanie)

Publié le par Marc Escola (Source : Diana Lefter)

LA FACULTÉ DE THÉOLOGIE, LETTRES, HISTOIRE ET ARTS

LE CENTRE DE RECHERCHE SUR L’IMAGINAIRE. TEXTE, DISCOURS, COMMUNICATION. IMAGINES

LE CENTRE DE RÉUSSITE UNIVERSITAIRE 

UNIVERSITÉ DE PITEŞTI

en collaboration avec

AGENCE UNIVERSITAIRE DE LA FRANCOPHONIE (AUF)

et

ALBANIAN SOCIETY FOR THE STUDY OF ENGLISH (ASSE)

organisent les 14-16 juin 2019

la Conférence internationale

LANGUE ET LITTÉRATURE – REPÈRES IDENTITAIRES EN CONTEXTE EUROPÉEN 

Le sujet proposé pour cette année :

 

Ironie et humour : imaginaire et représentations

Formes de manifestation de l’imaginaire, l’humour et l’ironie sont construits sur le mécanisme de déstabilisation de l’univers d’attente du récepteur. Au seuil du XXème siècle, Henri Bergson établissait, dans son Le rire[1], une juste démarcation entre l’humour et l’ironie, distinction reprise et continuée par Gérard Genette, qui soulignait le caractère polémique de l’ironie, au contraire de l’humour, qui ne l’est pas[2]. A son tour, Oswald Ducrot faisait clair que l’humour est une sorte d’ironie qui ne prend personne à partie[3].

L’humour et l’ironie, ces concepts polymorphes, peuvent relever dans une égale mesure de la rhétorique et de la stylistique, de la littérature, de la linguistique, des études culturelles, des arts et de l’histoire de l’humanité tout court. 

En littérature et en linguistique, l’humour et l’ironie cultivent tous les registres et presque tous les genres, se présentant comme des formes particulières de communication, dont la complexité sémiotique est indéniable. Ainsi, l’humour et l’ironie peuvent susciter le sourire du lecteur, ce qui n’est pas un simple divertissement, mais une forme de la catharsis, qui actualise la collaboration entre le producteur et le récepteur du message.

Déjà au XVIIème siècle, Jean de Santeul résumait de manière aphoristique la fonction du rire, qui est celle de purgation: ridendo castigat mores. Cela signifie que l’humour et l’ironie, dont le rire est une manifestation, sont doublement ciblés : vers l’anormal des autres et vers les propres abjections et folies[4].    

Si Pierre Schoentjes[5] envisage l’ironie selon son sens, sa finalité, sa manifestation comme forme de discours ou en tant que figure, ces critères peuvent être, selon nous, élargis / extrapolés à l’humour, également. Quels que soient les contextes où ils surgissent et si divers que soient ces contextes, l’on peut constater une récurrence du mécanisme sous-jacent de l’ironie et de l’humour : il s’agit d’un détournement des projections du monde du récepteur, un détournement qui peut revêtir des formes diverses.

De sa part, Jean-Marc Moura[6] montrait que, essentiellement, l’humour – auquel nous ajouterions l’ironie – peut s’associer à quatre grands types textuels : le narratif, le descriptif, l’argumentatif et le poétique. Où qu’ils surgissent, l’humour et l’ironie marquent un décalage entre l’essence et l’apparence, entre ce qui est dit et ce que l’on pense, affectant le niveau logique et supposant, surtout l’ironie, une « référence antérieure, soit dans un discours précédent, soit sur la doxa […] »[7].

En littérature, la présence de l’humour et de l’ironie ponctue toutes les époques et tous les genres, des soties du Moyen Âge à la satire et au pamphlet de toute époque, passant par le conte philosophique et par le roman épistolaire des Lumières. Le théâtre en a fait également largement usage, depuis Molière et Beaumarchais, jusqu’au théâtre de l’absurde.

Dans la didactique des langues, le décryptage du fonctionnement de l’humour et de l’ironie entraîne certes une compétence linguistique, mais il réclame surtout une compétence sociolinguistique et une compétence pragmatique, voire même, une compétence littéraire (nous osons utiliser ce terme en didactique !), nécessaires pour la compréhension de « l’univers sémiolinguistique » [8] que suppose la composante « esthético-ludique » de la communication de tous les jours ou de la communication dans les médias, comme le souligne Tayeb Bouguerra[9], pour ne parler que des types de documents authentiques les plus utilisés à présent dans l’enseignement des langues.

Dans l’art de la musique et dans l’art dramatique, ces deux concepts peuvent être encadrés dans ce que George Balint appelle « l’esthétique du contraste »[10], qui révèle, finalement, le même fonctionnement de déstabilisation de l’univers d’attente. Sous les formes du ludique, du comique, du carnavalesque, de la commedia dell’arte, l’humour et l’ironie mettent en jeu une esthétique du regard oblique sur le monde, sur autrui, sur soi-même.

Si l’on pense au domaine large de l’Histoire, qu’il s’agisse de celle chronologique et désubjectivée des historiens ou de « l’histoire lente » vécue, comme le montrait Braudel[11], par la subjectivité de chacun, l’humour et l’ironie ont souvent été utilisés comme moyens de réaction personnelle, comme révolte, comme exorcisation face aux provocations absurdement réelles de l’histoire, dans un monde où le rapport entre le réel et l’inconcevable est renversé (ironie de l’histoire !).

Sans avoir la prétention d’exhaustivité, la thématique proposée pour la rencontre de cette année invite à une réflexion plurielle sur les divers aspects revêtus par l’humour et par l’ironie, dans les domaines évoqués.

Les débats sont organisés par sections. Nous vous prions de contacter le responsable de la section pour envoyer votre résumé, votre article ou pour tout autre renseignement :

1Langue roumaine; Littérature roumaine; Littérature comparée; Didactique du roumain; Communication et études culturelles –  Lavinia GEAMBEI (geambeilavinia@yahoo.com).

2. Langue française ; Littérature française; Littératures francophones; Études culturelles françaises; Études culturelles canadiennes; Didactique du français; Traductologie-langue française : français – Liliana VOICULESCU (lilgoilan@gmail.com).

3. Langue espagnole; Littérature espagnole et hispano-américaine; Études culturelles espagnoles et hispano-américaines ; Didactique de l’espagnol; Traductologie - langue espagnole – Diana LEFTER (diana_lefter@hotmail.com).

4. Langue anglaise ; Littérature anglaise ; Littératures anglophones; Études culturelles britanniques et américaines; Didactique de l’anglais; Traductologie - langue anglaise – Cristina MIRON  (cristinamironn@gmail.com).

5. Langue allemande; Littérature allemande; Études culturelles germaniques ; Didactique de l’allemand Traductologie - langue allemande – Cristina MIRON  (cristinamironn@gmail.com).

6. Histoire, civilisation, société, culture – Liliana SOARE (lilianasoare2006@yahoo.com).

7. Langages de spécialité (français, anglais ; allemand) – Marina TOMESCU (ana_marina_tomescu@hotmail.com).

8. Art dramatique, musique – Diana LEFTER(diana_lefter@hotmail.com).

 

CALENDRIER DE LA CONFÉRENCE

-    3 avril 2019 – envoi du formulaire de participation ;

-   16 avril 2019 – notification de l’acceptation de la communication ;

-   30 mai 2019 – règlement des frais de participation ;

-   14-16 juin 2019 – les travaux de la conférence ;

-   30 juillet 2019 – envoi des textes in extenso des communications

            Notes: Les textes seront rédigés en anglais, français, espagnol, allemand, italien ou portugais. Une sélection des communications, proposée par le comité de lecture sera publiée dans la revue Limba și literatura - repere identitare în context european (enregistrée dans des bases des données internationales: ErihPlus, EBSCO, CEEOL, IndexCopernicus, DOAJ etc.). Les autres communications seront publiées dans un volume collectif de la conférence, avec ISBN, chez une maison d’édition reconnue. Le temps alloué à la présentation des communications ne devrait pas dépasser 15 minutes.

Après la notification d’acceptation, les auteurs seront informés sur les possibilités de logement et sur les coordonnées bancaires pour le règlement de la taxe (50 euros pour les participants de l’étranger et 200 RON pour les participants roumains).

            Pour toute information supplémentaire, veuillez nous contacter:

reperesidentitaires@yahoo.com; valentina.stinga@upit.ro.

 

 

 

 

[1] Bergson, Henri, Le Rire, PUF, 1900.

[2] Genette, Gérard, « Mots du rire » dans Figures V, Seuil, Paris, 2002.

[3] Ducrot, Oswald, Le dire et le dit, Minuit, Paris, 1984.

[4] Cf. Morel, Jacques, Agréables mensonges, Klincksieck, Paris, 1991, p. 258 et suiv.

[5] Schoentjes, P., Poétique de l’ironie, Editions du Seuil, Paris, 2001, p. 26.

[6] Moura, Jean-Marc, Le sens littéraire de l’humour, PUF, Paris, 2010.

[7] Gardes-Tamine, Joëlle, La stylistique, Armand Colin, Paris, 1996, p. 131.

[8] Syntagme de J. Peytard cité par Bouguerra, T., « Humour et didactique des langues : pour le développement d’une compétence esthético-ludico-référentielle », in ELA. Etudes de linguistique appliquée, 2007/3, no. 147, pp. 365-382. URL : https://www.cairn.info/revue-ela-2007-3-page-365.htm (dernière consultation 15.01.2019)

[9] Bouguerra, T., « Humour et didactique des langues : pour le développement d’une compétence esthético-ludico-référentielle », in ELA. Etudes de linguistique appliquée, 2007/3, no. 147, pp. 365-382. URL : https://www.cairn.info/revue-ela-2007-3-page-365.htm (dernière consultation 15.01.2019)

[10] Balint, G., Privirea estetică. Încercare în contemplarea muzicii, Editura Muzicală, București, 2018, pp. 97-163.

[11] Braudel, F., La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, A. Colin, Paris, 1949, pp. XII-XIV .