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Colloque :

Colloque : "Heureux comme Disney en France" (Nancy)

Heureux comme Disney en France

 

Université de Lorraine –Laboratoire LIS, Nancy

6-7 novembre 2019

Organisation : Christian Chelebourg

 

PRÉSENTATION

L’installation du Disneyverse dans le paysage culturel français remonte à 1932 avec la création du Journal de Mickey par Paul Winckler. En 1934 se soude le partenariat avec les éditions Hachette qui avaient publié trois ans plus tôt le tout premier album Disney en langue française : Les Aventures de Mickey. Déjà, l’autonomie est de rigueur. Winkler exploite dans son hebdomadaire les droits qu’il a acquis sur les BD du King Features Syndicate : Mickey côtoie Jim la Jungle (Jungle Jim) d’Alex Raymond, Touffou (Pete the Tramp) de Clarence D. Russell ou encore Jacques Beaunez (Needlenose Noonan) de Hoban. Plus tard viendront Mandrake le Magicien, Guy L’Éclair (Flash Gordon), Pim, Pam, Poum (The Katzenjammer Kids). Des années 50 aux années 70, une saga comme Mickey à travers les siècles naturalise l’emblème de la marque en lui faisant parcourir l’histoire de France. Elle illustre alors la vivacité d’une création Disneyenne nationale.

L’attachement de Walt Disney lui-même pour la France est connu. Il s’affiche, en 1960, dans Bon Voyage ! de Bill Walsh. On sait également sa fascination pour Jules Verne. Elle a valu au romancier d’être adapté à deux reprises sur grand écran par Robert Stevenson (20 000 Under the Sea en 1954, In Search for the Castaways en 1962) et d’inspirer l’attraction Submarine Voyage au Disneyland d’Anaheim (1959-1998). L’installation d’un parc à Marne-la-Vallée en 1992 est venue renforcer les liens entre la multinationale et un Hexagone dont elle faisait, du même coup, sa vitrine européenne. Depuis 2016 et le cinquantième anniversaire de la mort de son fondateur, une stèle de la Company honore à Isigny le berceau normand de son nom : la firme de Burbank et la patrie des Aristocats sont pour ainsi dire unis par le sang.

Que ce soit dans le fameux dessin animé de Wolfgang Reitherman, dans Herbie Goes to Monte Carlo (1977) ou Condorman (1981), les productions Disney ne se font pas faute d’exploiter les ressources touristiques de la France. Elles vantent notre gastronomie et son inventivité dans Ratatouille (2007) comme dans The Hundred Foot Journey (2014). La reprise de ces clichés est l’occasion de les interroger dans le nouveau contexte de la mondialisation culturelle. Plutôt que de toujours les dévaluer, ne vaut-il pas mieux comprendre ce qu’ils signifient de la circulation des identités nationales ? Croissant de triomphe (2013), un épisode de la série animée Mickey Mouse de Paul Rudish, inclut Disneyland Paris parmi les hauts lieux de la capitale que l’on visite en scooter avec Mickey, en quête de la viennoiserie emblématique de nos petits déjeuners. Minnie y tient un café, Daisy une pâtisserie : tout un art de vivre. Dans le remake en live action de Beauty and the Beast (2017), on découvre que Belle est née à Paris, en pleine épidémie de peste. Dans Captain America: The Winter Soldier (2014), c’est un ancien agent de la DGSE, d’origine algérienne, qui prend en otage un navire du S.H.I.E.L.D. Ce genre de clin d’œil mérite aussi toute notre attention. Quelle représentation le Disneyverse donne-t-il de la France et des Français ? A-t-elle évolué au cours du temps ? Que nous apprend-elle sur nous-mêmes et sur notre image dans le monde ? Un programme court comme Mère / fille, réalisé pour Disney Channel France et publié en roman-photo dans le magazine Disney Girl, peut même être l’occasion de confronter le point de vue américain au miroir que nous nous tendons nous-mêmes, à l’occasion. Dans quelle mesure les fictions peuvent-elles être envisa­gées comme une forme de « francoscopie » révélatrice de nos modes de vie ? Dans quelle mesure esquissent-elles les contours d’une culture nationale populaire ?

Disney, c’est aussi une multinationale solidement implantée en France, à travers ses filiales et ses partenaires commerciaux. On songe bien sûr au parc de Marne-la-Vallée et à son environnement façonné par la firme. Un travail de géographie sur le site serait évidemment le bienvenu. Côté production, si DIC a quitté le giron de Disney au lendemain de sa collaboration à Sabrina: The Animated Series de Savage Steve Holland pour ABC, et si Walt Disney Animation France a fermé en 2003 après avoir réalisé notamment Ducktales, the Movie: Treasure of the Lost Lamp (1990) et travaillé sur nombre de séries animées, Les Pyjamasques, pour ne citer qu’eux, donnent l’exemple contemporain d’un partenariat international (France, Canada, Royaume-Uni) alimentant le Disneyverse à partir d’un corpus français. En 2008, le label français Disneynature est venu reprendre le flambeau des True-Life Adventures (1948-1960) de James Algar, la série de documentaires et de docufictions animaliers qui avaient révélé les merveilles de la nature au jeune public des Trente Glorieuses. La comparaison entre les deux ensembles permet de bien mesurer le cheminement de la pensée écologique depuis le milieu du xxe siècle. Elle atteste également l’engagement de Disney pour la préservation de la faune et la cause environnementale. La programmation de Disney Channel France depuis 1997 mérite également toute notre attention, d’autant qu’elle s’accompagne d’un important travail de création télévisuelle. Dans le domaine de l’édition, le groupe Disney Hachette Presse domine depuis plusieurs années le marché national des magazines et périodiques pour la jeunesse avec des titres-phares comme Le Journal de Mickey, Mickey Parade Géant ou Picsou Magazine. En lien avec les Bibliothèques Rose et Verte, il participe activement à la diffusion du personnel, des corpus et des valeurs de la marque, en complément ou en relais du cinéma et de la télévision. Enfin, nous ne serions pas complets sans nous intéresser au travail de Glénat, tant dans le registre patrimonial, avec la publication des intégrales de Floyd Gottfredson, Carl Barks ou Don Rosa, que dans celui de la création avec « Disney by Glénat ». Lancée en 2016, la collection est la première au monde à laisser des auteurs indépendants, tels Régis Loisel, Lewis Trondheim, Nicolas Keramidas ou Fred Tébo, s’emparer des personnages emblématiques de la marque. Ainsi, le clivage traditionnel des comics et de la BD franco-belge se voit-il dépassé. L’objectif de ce colloque est aussi de réfléchir, à partir d’un exemple concret, à l’articulation des échelles nationale et internationale dans l’industrie créative mondialisée. La perspective adoptée participera des Corporate Studies en prenant soin de prendre en compte les questions de stratégie et de sémiologie entrepreneuriales dans l’approche des œuvres.

 

Comité scientifique :

Christian Chelebourg, PR Université de Lorraine

Matthieu Freyheit, MCF Université de Lorraine

Victor-Arthur Piégay, MCF Université de Lorraine

 

Condition de soumission :

Les propositions (15 lignes maximum) doivent être adressées à Christian Chelebourg (chelebourg@gmail.com) avant le 30 juin 2019. Les communications seront de 20 minutes.