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Revue : "La prison: phénomène historique, sociologique et psychologique" (Roumanie)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Université de Bucarest)

Revue : "La prison: phénomène historique, sociologique et psychologique" (Roumanie)

 

PRÉSENTATION

De l'exil d'Ovide à Tomis jusqu'à la terreur des prisons communistes, la privation de liberté a été pratiquée sous diverses formes et appliquée à la fois aux infractions pénales ou de droit commun, ainsi qu'aux opinions politiques. Si, dans l'Antiquité, les empereurs avec de grandes colonies préféraient exiler leurs opposants dans les territoires habités par des barbares, en les punissant par la suppression des privilèges,  au Moyen Âge on pratiquait la peine capitale. Les prisons n'ont pas de but punitif, mais il constituent un point de transit ou un abri temporaire pour les mendiants et les malades mentaux. La prison, dans le sens où l'on l'entend aujourd'hui, est une invention du XIXe siècle et elle illustre les méthodes de surveillance et de punition utilisées dans l'armée, dans les écoles ou dans les monastères. Après des centaines d'années au cours desquelles la torture a été utilisée comme moyen de contrainte pour obtenir des aveux, le XIXe siècle a annulé, du moins en théorie, la torture et il a réformé le système pénitentiaire en envisageant de rééduquer les détenus. Selon Michel Foucault, le changement de paradigme survient parce que le législateur est conscient du fait que, dans certains cas, les infractions sont causées par des troubles mentaux. De toute évidence, pendant longtemps, la correction du comportement reste un désidératum, les prisons n'étant que des lieux  insalubres où les individus souffrent de la faim, du froid ou de diverses maladies. Pour l'homme ordinaire, la prison est un lieu des horreurs et de la dégradation morale.

Alors que la société capitaliste commence à imposer des sanctions pour des délits d'opinion, de morale ou pour des actes de corruption, les élites financières, politiques ou culturelles se retrouvent aussi dans des prisons et le statut du condamné change. Il n'est plus stigmatisé, il est souvent privilégié : une meilleure alimentation, des gardes moins vigilants, le droit de recevoir la visite de la famille, le droit de lire ou de porter des vêtements civils. La tendance se poursuit jusqu'à l'entre-deux-guerres, lorsque plusieurs industriels, banquiers, espions ou illégalistes communistes sont condamnés et ils profitent de la clémence de la prison « bourgeoise ». Des espions comme G. G. de Chastelain ou Ivor Porter, des militants communistes tels que Gheorghiu Dej continuent leur activité politique dans la prison jusqu'au début de la Seconde Guerre Mondiale, avec la complicité des autorités. Après l’ascension du nazisme, appparaît le concept de camp de concentration, construit après le modèle de l'expérimentation espagnole à Cuba. Un lieu de la terreur et de la mort qui se perpétuera en Europe de l’Est même après la conclusion de la paix. Les illégalistes communistes, qui ont effectué leur stage dans la prison « bourgeoise » et sont arrivés au pouvoir avec le soutien de l'Armée Rouge, organisent la société selon le modèle du pénitencier. Les ennemis de classe sont suivis, traqués, harcelés et drogués pendant les enquêtes jusqu'à ce que les plus faibles renoncent à la torture et signent les déclarations dictées par les enquêteurs. Les personnes libres vivent dans la crainte de l'emprisonnement ou des dénonciations, elles sont épuisées par le travail en usine, submergées par les activités de propagande du parti ou par son ingérence dans la vie intime familiale.

En Union Soviétique on développe tout un système de concentration, par des camps ou des déportations. Staline, qui a étudié les méthodes de Hitler, innove dans ce domaine : l'objectif n'est plus de tuer immédiatement l'individu, mais de l'utiliser comme force de travail dans des mines, dans des kolkhoz ou dans des usines pour construire la nouvelle société.

Le numéro 4 de la revue Doc.Eu vise à réfléchir sur le concept de prison, considéré comme un phénomène historique, sociologique et psychologique, à travers les axes de réflexion suivants:

Littérature et art - Le thème de l'emprisonnement n'est pas seulement abordé dans le domaine de la fiction, mais aussi dans la littérature dite paralittérature ou littérature de frontière (biographies, mémoires), dans laquelle les prisonniers politiques racontent leurs expériences de prison. Contrairement aux documents officiels, les biographies et les mémoires permettent au lecteur d’entrer dans la vie privée des détenus, de comprendre leurs angoisses et leurs faiblesses lorsqu’ils cèdent sous la pression de la torture ou d’admirer leur résistance par rapport à la rééducation. Une autre voie de recherche pourrait être la rééducation par l’art ou l’étude des activités menées dans les Départements Culturels et Educatifs ouverts dans les camps de concentration.

Histoire - Jusqu'au début de la deuxième conflagration mondiale, le système pénitentiaire était plus détendu, moins vigilant, permettant aux détenus de commettre des illégalités (espionnage, activités politiques) sous le regard des autorités. Après l’affirmation des régimes totalitaires et la création du camp de concentration, la vie des prisonniers est strictement organisée et surveillée : les nazis créent des commandements pour le tri, la gazéification et l'incinération des Juifs. Les Soviétiques déportent leurs ennemis de classe, anciens soldats ou responsables inefficaces du NKVD dans le vaste réseau du Goulag, où la vie se déroule selon les rituels communistes. On demande au zek de travailler dans des mines ou des kolkhoz pour aider à bâtir la société communiste, et sa survie dépend de sa capacité à se faufiler à travers les filets du maillage formés des détenus de droit commun, des informateurs, des gardes, de l’appareil administratif. Les informateurs et les gardes sont souvent investis de pouvoirs discrétionnaires par les officialités elles-mêmes. Directions de recherche possibles : les enquêtes, la torture, les réseau d’informateurs, la vie commune, l’expulsion etc.

Linguistique - Dès que la personne est condamnée ou déportée, elle pénètre dans un système qui a ses propres règles, et elle doit apprendre l’argot des détenus et des gardiens ou le langage de la propagande officielle utilisée pour la cosmétisation de la réalité. Les chercheurs peuvent opter pour l'analyse : de l’argot des prisons, des mémoires ou des documents officiels.

 Psychologie et médecine - La justice féodale et les régimes totalitaires reposent sur la torture et l'efficacité des bourreaux, qui adaptent leurs méthodes en fonction du profil psychologique de la victime : si l'homme du régime féodal ne résiste pas aux tourments physiques et finit par confesser des crimes réels ou imaginaires, dans les camps de concentration des nazis la torture est pratiquée surtout au niveau psychique. L'illusion de survivre est donnée aux Juifs jusqu'au seuil des chambres à gaz. Dans le système imaginé par Staline, les gardes jouissent d'une grande liberté, ce qui en fait de véritables bourreaux. Cet axe vise à étudier la relation victime-bourreau qui a fasciné les chercheurs et généré des expériences de type Standford, les méthodes de torture ou le phénomène de la rééducation.

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