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Journée d'études :

Journée d'études : "Roman francophone et histoire. Renouvellement des formes d’écriture littéraire de l’événement historique" (Strasbourg)

Journée d'études : "Roman francophone et histoire. Renouvellement des formes d’écriture littéraire de l’événement historique" (Strasbourg)

 

Dans le sillage des travaux scientifiques des Configurations littéraires (EA 1337) et du centre Écritures (EA 3943), en particulier de leurs axes Littératures et Histoire (université de Strasbourg) et « Constructions mémorielles et sacralisation » (université de Lorraine http://www.ecritures.univ-lorraine.fr/recherche/axe-3-comes-constructions-memorielles-et-sacralisation), une journée d’études doctorales est organisée le samedi 23 mars 2019 sur le thème du renouvellement des formes d’écriture littéraire de l’événement historique.

Les écrivains issus de pays autrefois colonisés ont forgé des écritures spécifiques pour dire l’histoire passée (fait colonial, guerres de décolonisation, etc.). Observateurs d'une forme de continuation du passé dans le présent (événements post-coloniaux tels que guerre du Rwanda,  séquelles matérielles et psychiques héritées du passé colonial …), les différentes formes qu’ils donnent à leur écriture de l’histoire soulèvent des enjeux poétiques. Cette journée d’études doctorales se penchera donc sur les nouvelles élaborations textuelles et constructions discursives pour dire cette réalité vécue (et ces observations).  Il s’agira d’explorer notamment les formes d’écriture que l’écrivain africain francophone utilise pour restituer, figurer l’événement historique.

L’écriture de l’événement historique pratiquée par des romanciers comme Assia Djebar, Tierno Monénembo, Kossi Efoui, Abdourahman A. Waberi, Rachid Boudjedra, Alain Mabanckou, Anouar Benmalek et autres donne en effet à lire une histoire en partage entre les sujets de l'histoire des anciennes métropoles et des anciennes colonies. Leur renouvellement des formes d’écriture de l’histoire s’illustre à la fois comme la construction d’une compréhension commune à l’ensemble des héritiers du fait colonial (Mouralis, 2007 ; Luste Boulbina, 2007), et comme une insistance sur le fait que les traces de cette histoire continuent de hanter notre présent. Leur écriture rend au présent l'expérience vécue et met en évidence les traces toujours vives de l'histoire passée.

Imbrications des temps, jeux sur les mises en page, sur les mots, polyphonie, intertextes, citation, etc. sont autant de moyens par lesquels l’écriture de ces romanciers africains francophones reprend le récit du fait colonial dans ses liens avec  notre présent. L’ensemble de ces procédés utilisés pourraient être ceux de « fictions pensantes » telles que Franck Salaün les définit, c’est-à-dire comme des fictions qui « embarquent le lecteur dans une sorte d’aventure intellectuelle […] en signalant au promeneur quelques sites intéressants, et aux autres orpailleurs les cours d’eau et les sables aurifères » (Franck Salaün, 2013). A travers les différents procédés littéraires utilisés, leur écriture semble développer une pensée de l’histoire. C’est ainsi que leurs écritures de l’histoire travaillent le présent en l’investissant d’éléments du passé. L’écriture enferme peut-être, par cette mise en relation du présent avec le passé, l’objectif de rapprocher de nous lecteurs, « ce qui semblait éloigné de nous » (Kossi Efoui, 2013).

Axes de recherche

Ecrire et interroger l’histoire

Dans quelle mesure les éléments stylistiques mettent-ils des événements historiques en évidence ?

Ecrire les non-dits,  les manques, les absences

Il faudrait s’intéresser à ces écritures qui se caractérisent par des choix de poétiques diverses. Quels sont les procédés pour ramener le passé dans le présent ? (Jean-François Hamel, 2006). Quels sont ceux qui nouent le  silence à l’absence  pour dire les non-dits de l’histoire ?

Ecriture et réception : élargir la compréhension historique des lecteurs

La forme d’écriture utilisée permet-elle d’examiner le rapport des auteurs et de leur création au lecteur ? De penser à nouveaux frais l’esthétique de la réception de ces littératures africaines ?

Les propositions de communication se formuleront prioritairement selon l’un de ces trois axes. Un résumé clair de 350 mots environ, accompagné d’une brève notice bio-bibliographique, est à envoyer à Solange Namessi  (s.namessi@yahoo.fr ) et Farid Namane (namane.ait@gmail.com)  avant le 10 février 2019. Une réponse sera communiquée aux intervenants sélectionnés autour du 15 février 2019. Les frais d’hébergement (une nuitée) et de restauration seront pris en charge par les équipes organisatrices.

La journée d’études est à destination de tous les jeunes doctorants en littérature. Si elle intéresse, en premier lieu, les littératures françaises et francophones, la réflexion qu’elle pose se veut aussi transversale (http://ea1337.unistra.fr/ceriel/projet-scientifique-2016-2022/). Aussi des lectures comparatives qui mettent d’autres littératures contemporaines en relation avec les littératures francophones africaines, selon des aspects relatifs aux formes d’écriture de l’événement historique, seront bienvenues.

 

Bibliographie

Ouvrages théoriques et articles

Barthes, Roland, Le plaisir du texte, [1973], Paris, « Point Essais », 2014.

Bessière, Jean, Qu’est-il arrivé aux écrivains français ? D’Alain Robbe-Grillet à Jonathan Littell, Paris, Labor, 2006.

Certeau (de), Michel, L’écriture de l’histoire, Paris, Gallimard, 1975.

Dosse, François, Renaissance de l’événement : Un défi pour l’historien : entre sphinx et phénix, Paris, Presse universitaires de France, coll. « Le nœud gordien », 2010.

Dozon, Jean-Pierre, Frères et sujets, Paris, Flammarion, 2003.

Game, J et A. Wald Lasowski, [dir.],  Jacques Rancière. Politique de l’esthétique,  Paris, Archives contemporaines, 2009.

Hamel, Jean-François, Revenances de l’Histoire : Répétition, narrativité, modernité, Paris, Minuit, « Paradoxe », 2006.

Kesteloot, Lylian, « Littérature et art au miroir du tout-monde », Éthiopiques, n.78, 1er semestre 2007.

Luste Boulbina Seloua, « Ce que postcolonie veut dire : une pensée de la dissidence », Rue Descartes, n. 58, Avril 2007.

Mangeon, Anthony (dir.), L’empire du langage. Penser l’indiscipline avec Laurent Dubreuil, Rennes, Presses universitaires de Rennes, « Plurial », 2016.

Mouralis, Bernard, L’Illusion de l’altérité. Études de littérature africaine, Paris, Honoré Champion, « Bibliothèque de littérature générale et comparée », 2007.

Ricœur, Paul, La mémoire, l’histoire et l’oubli, Paris, Seuil, 2000.

Ricœur, Paul, Temps et récits, Paris, Seuil, 1983.

Salaün, Franck, Besoin de fiction. Sur l’expérience littéraire de la pensée et le concept de fiction pensante, [2010], Paris, Hermann, « Fictions pensantes», 2013.

Waberi, A. Abdourahman, « Comment j’ai écrit mes livres (et autres considérations sommaires)», MLN, Vol. 118, n. 4, Septembre 2003, (trad.), pp. 933-937.