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Colloque : "Tradition et transmission dans l’Antiquité : réflexions interdisciplinaires" (Strasbourg)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Claire Camberlein)

Colloque : "Tradition et transmission dans l’Antiquité : réflexions interdisciplinaires" (Strasbourg)

7-8 octobre 2019

 

Présentation

La tradition est considérée comme le contenu culturel du passé - transmis par la parole, par l’écrit ou par l’exemple sur plusieurs générations -, et qui reste acceptée par ceux qui la reçoivent (Lenclud 1987). Considérée ces dernières décennies comme faisant contrepoids à la modernité, sorte de résistance à l’innovation marquée par un caractère statique et invariable (Rogister & Vergati 2004, p. 201 ; Salber-Philipps 2004, p. 17), la tradition est aujourd’hui davantage perçue comme « inventée », puisqu’elle revêt un rôle constructiviste (Hobsbawm 1983 ; Busch & Versluys 2015, pp. 10-11 ; Fejfer et al. 2015, p. 10). Il s’agit d’un processus culturel communautaire, fondé sur une sélection d’éléments du passé historique, réel ou imaginaire, visant à fabriquer des traditions qui semblent anciennes ou se proclament comme telles. Dans les contextes de transformations sociales rapides, certains modèles sociaux - peu flexibles -, sont remplacés par de nouvelles traditions issues du réaménagement d’une partie du contenu culturel passé, pour qu’il soit en adéquation avec les enjeux du présent. Cette fabrique du passé par l’invention, la construction et l’institution de nouvelles traditions dérive du besoin d’un groupe social ou d’une communauté de créer des repères stables pour construire une mémoire culturelle et ainsi une identité. Loin d’être figée, la tradition apparaît alors comme un processus dynamique, volontaire et lié à la construction des communautés humaines (Rogister & Vergati 2004, p. 202). Il ne s’agit plus d’un réceptacle passif qui accumule et transmet des normes, des pratiques et des savoirs : la tradition devient une force régulatrice de la vie communautaire.  

C’est cette fonction créatrice qui sera au centre de cette journée d’étude. Dans un cadre géographique élargi à la Méditerranée et à l’Orient (Grèce, Rome, Égypte, Proche-Orient) ainsi qu’à l’Europe moyenne et centrale, nous souhaitons aborder par le biais d’une démarche inter- et transdisciplinaire la question de la tradition et de sa transmission sur le long cours, dans une fourchette chronologique allant de la Préhistoire au IVe siècle de notre ère. Elle pourra être analysée par le biais des sources littéraires, épigraphiques, papyrologiques, archéologiques et ethnoarchéologiques qui en conservent les traces.  

 

Axes

Les communications devront analyser la tradition par différents biais : son mode (supports, médias), ses agents (producteurs et récepteurs) et ses contextes, à savoir les circonstances dans lesquelles elle est transmise. La manière dont le passé est transmis, réutilisé et réintégré dans les sphères sociale, politique et religieuse d’une société antique peut être appréhendée par le biais de la culture matérielle, de caractéristiques architecturales, de constantes iconographiques, de palimpsestes ou de traces d’intertextualité. Il s’agira de comprendre comment la tradition se crée, s’entretient et évolue, et les circonstances dans lesquelles elle le fait. Qui est à l’origine de cette initiative ? Quelles sont les stratégies et les procédés mis en place pour engendrer la tradition ? Comment est-elle transmise ? Quelle était la finalité d’un tel processus ? Dans quels cas et sous quelles conditions apparaît la nécessité de (re)créer le passé ? Cette démarche rigoureuse pourra aboutir à des hypothèses sur le rôle de la tradition dans la construction mémorielle et identitaire des sociétés anciennes. La tradition construit, réinvente ou prolonge une identité individuelle et collective, et influe nécessairement sur la définition de Soi et de l’Autre. Ces réflexions, alliées à une approche diachronique et transculturelle, permettront de souligner le rôle de la tradition en tant qu’outil analytique.  

Ce colloque organisé par l’UMR 7044 ArcHiMedE et l’EA 3094 CARRA de l’Université de Strasbourg, est dédié aux jeunes chercheurs et chercheuses – doctorant.e.s et docteur.e.s – en Sciences de l’Antiquité (historiens, archéologues, philologues, historiens de l’art). Il pourra faire l’objet d’une publication dans la revue Archimède, portée par l’UMR 7044. Les propositions de contribution, d’environ 3000 signes, accompagnées d’un CV, sont à envoyer à l’adresse jetransmission2019@gmail.com avant le 15 avril 2019. Le résultat de l’évaluation des propositions par le comité scientifique et le comité d’organisation sera connu à la fin du mois d’avril.