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Transparence/Transparaître (Amiens)

Transparence/Transparaître (Amiens)

Publié le par Marc Escola (Source : charlotte Beaufort)

Transparence/Transparaître

Si la notion de transparence a passionné le XXe siècle, elle continue d’être un objet d’étude au XXIe siècle. Elle relève d’un ensemble varié de domaines—arts plastiques et appliqués, sciences, techniques, histoire, architecture, sculpture, esthétique, rhétorique, politique—et, dans le champ de l’art, les publications la concernant sont nombreuses[1]. Que ce soit dans le domaine des sciences, des arts ou de la politique, la transparence désigne un idéal de connaissance, de représentation ou d’organisation. Mais cet idéal de clarté a été remis en cause pour son caractère trompeur et panoptique—indissociable d’un trouble ou d’une opacité de la représentation et de ses objectifs.

Or, au-delà de cette question de l’opacité dans la transparence, le présent projet se donne pour but d’examiner ce que le verbe transparaître peut nous aider à dévoiler du phénomène de la transparence dans le champ spécifique de l’art.

En effet, tandis que la notion de transparence, renvoyant à la clarté de la vision et de la mise en visibilité, met de côté la possibilité d’obstacles visuels brouillant la vue (ou bien alors la transparence n’est plus transparente), la question du transparaître met au contraire l’accent sur la manière dont ce qui apparaît ne relève pas de l’immédiate évidence, mais au contraire se trouve entièrement entretissé d’opacité. Tandis que la transparence tend vers la clarté, voire la pureté (cf. le verre transparent, symbole de la virginité mariale), le transparaître définit le même phénomène sous l’angle tout différent de ce qui, faisant obstacle ou atmosphère (par des effets de voilage, d’enfumage, de brouillage), résiste à l’évidente clarté au profit du complexe et de l’impur.

Envisager la transparence dans ses rapports au transparaître suppose de s’attarder sur ses liens avec le disparaissant autant que l’apparaissant. Dans le transparaître, quelque chose se manifeste, apparaît à travers autre chose. L’accent est alors mis sur le mouvement—l’effet et l’effort de transparaître, plutôt que l’évident résultat. Mais l’accent peut aussi être mis sur le balancement entre le paraître et le transparaître—ou le trans-apparaître. Transparaître, c’est apparaître à travers autre chose, comme dans le cas du diaphane, principe de visibilité et milieu pour l’apparition—producteur d’effet—qui rend possible la manifestation de la lumière. Dans le même registre, la perspective se pose d’emblée comme ce à travers quoi l’on peut voir une claire représentation. Toujours associée au transparaître, la transparence peut également donc être l’objet  d’une expérience questionnante, lorsque le spectateur est confronté à une perception incertaine (Léonard, Monet, Turrell). Envisagée dans son rapport au transparaître, la transparence n’est plus cet idéal de clarté, cet idéal fût-il trouble. Avant toute récupération symbolique, le phénomène de la transparence devient lui-même un phénomène ambivalent propre à interroger les artistes et inquiéter le regard du spectateur.

À travers l’analyse d’œuvres visuelles ou sonores (Cage disait que l’on entend à travers un morceau de musique comme on voit à travers une architecture de verre), mais aussi en interrogeant des phénomènes culturels, historiques, politiques et scientifiques, ces ambivalences et autres inévidences de la transparence et du transparaître constitueront le fil rouge de ce colloque.

On s’y intéressera au transparaître des œuvres, à leurs supports, matériaux et techniques (verre, glacis, aquarelle, sfumato, brumes, brouillards, écrans, fréquences, numériques, réseaux, internet, etc.), mais aussi aux processus poïétiques dont elles résultent et aux processus d’accès à la perception qu’elles suscitent. Les approches pourront être artistiques, mais aussi esthétiques, historiques, philosophiques, scientifiques, politiques et épistémologiques. Ce colloque sera aussi l’occasion, autour des questions de la transparence et du transparaître, de sonder les confins, les porosités et les interfécondations des arts, des sciences humaines et des sciences exactes. Plusieurs expositions d’art actuel autour des questions esthétiques et des pratiques artistiques de la transparence et du transparaître accompagneront chaque volet du colloque.

 

[1] Cf. Philippe Junod, « Nouvelles variations sur la transparence », Appareil [En ligne], 7 | 2011, mis en ligne le 11 avril 2011, consulté le 30 septembre 2016. URL : http://appareil.revues.org/1197 ; DOI : 10.4000/ appareil.1197

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Les colloques et expositions TRANSPARENCE/TRANSPARAÎTRE sont organisés au Québec (Trois-Rivières, volet 2018) et en France (Amiens, volet 2019) par le Groupe de recherche URAV (Unité de Recherche en Art Visuel) de l’Université du Québec à Trois-Rivières et le CRAE (Centre de Recherche en Arts et en Esthétique - EA 4291) de l’Université de Picardie Jules Verne.

Volet 1 : Université du Québec à Trois-Rivières (Canada), avril 2018

Volet 2 : Université de Picardie Jules Verne, mercredi 6, jeudi 7, vendredi 8 novembre 2019

Date limite de remise des propositions : 15 novembre 2018

Contact : Charlotte Beaufort - charlotte.beaufort@u-picardie.fr

Comité d’organisation volet 2 : Charlotte Beaufort (UPJV - CRAE), Philippe Boissonnet (UQTR - URAV)

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Les propositions de communications sont à envoyer avant le 15 novembre 2018 à charlotte.beaufort@u-picardie.fr. Elles doivent comporter :

- Un titre ;

- Une proposition argumentée de 500 mots ;

- Un résumé biographique de 200 mots.