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Variations et figures de la maison dans les pratiques artistiques (Bordeaux)

Variations et figures de la maison dans les pratiques artistiques (Bordeaux)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Marie Escorne)

Variations et figures de la maison dans les pratiques artistiques

La journée d’étude sur le thème de « la maison » se veut transdisciplinaire, associant arts plastiques, design, cinéma, littérature et pourquoi pas géographie, archéologie et urbanisme. A un volet de recherche théorique regroupant des spécialistes dans ces différents domaines, sera adossé un volet artistique avec une exposition de travaux d’artistes et d’étudiants.

Quels lieux ou quelles entités appelle-t-on « maison » ? A partir de quand un bâtiment devient-il une maison ? Pourquoi certains lieux que nous avons habités continuent-ils à nous hanter longtemps après que nous les ayons quittés ? De quoi la maison peut-elle être la métaphore ? Quelle conception de « l’habiter » peut-on percevoir dans le plan d’une maison (utopique ou non) ? De quelles manières les artistes, écrivains, cinéastes, s’emparent-ils de ce thème et de ce « motif » ?

Plusieurs pistes de réflexions sont envisagées :

Maisons, demeures, villas : un programme pour une conception de « l’habiter »

Habitation individuelle ou collective, construite par un architecte de renom ou un anonyme, la maison désigne d’abord le bâtiment servant à s’abriter et se loger. Or, le plan, le nombre de pièces et leurs fonctions, les choix des matériaux ainsi que la relation de la maison aux autres bâtiments qui l’entourent, sont autant d’éléments qui reflètent une personnalité (celle de l’architecte ou du propriétaire) aussi bien qu’une époque et un lieu. Le dessin d’une maison témoigne aussi, et peut-être avant tout, de la conception qu’un individu ou un groupe d’individus se fait de « l’habiter », une manière particulière d’envisager le séjour des hommes sur terre.

Dans cette première piste de réflexion, le thème de « la maison » sera prioritairement étudié du point de vue de l’architecture et de projets réalisés (des maisons de grands architectes, des maisons de personnes célèbres qui se visitent comme si la demeure était le lieu dans lequel on pouvait le mieux se sentir en contact avec le disparu). Pourront également être envisagés des projets parfois considérés comme « utopistes », tel le familistère de Charles Fourier ou les créations singulières de l’Atelier Van Lieshout. On pourra, enfin, analyser ici des exemples cinématographiques, à l’instar de Mon Oncle de Jacques Tati, dans lesquels la ou les habitations occupent une place prépondérante.

La maison au-delà du bâti : imaginaires et rêveries

La maison est d’abord un lieu physique mais sa définition excède toujours cet aspect matériel. Comme l’écrit Gaston Bachelard, la maison est en effet « une des plus grandes puissances d’intégration pour les pensées, les souvenirs et les rêves de l’homme.1 » Les lieux dans lesquels nous nous sentons « chez nous » sont ainsi plus que des lieux, ils nous marquent et nous les marquons de notre empreinte. On pourra ici envisager la façon dont les artistes s’emparent de la thématique de la maison, que ce soit en intervenant sur des bâtiments préexistants qui deviennent des supports riches d’histoires, de symboles et d’imaginaires (Gordon Matta-Clark, Charles Simonds, Pascal Convert, Ernest Pignon-Ernest, Christian Boltanski,…) ou en construisant des œuvres qui peuvent s’apparenter à des maisons et questionnent, en jouant souvent sur des décalages, notre rapport à ce type de bâtiments et, plus largement, à l’espace (Erwin Wurm, Ilya et Emilia Kabakov, Allan Wexler, Rachel Whiteread).

Place et regard des femmes sur l’espace domestique

En écho à l’exposition Women house qui se tient jusqu’au 28 janvier 2018 à la Monnaie de Paris (commissariat : Camille Morineau), il paraît nécessaire d’envisager le thème de la « maison » en s’interrogeant sur les rapports de domination qui se jouent dans l’espace domestique, généralement perçu comme l’espace privilégié des femmes. De la maison de poupée, à la représentation de la « femme au foyer », en passant par des rapprochements entre la maison et le corps des femmes, les « figures » de la maison apparaissent sous différentes variantes et de manière récurrente dans les pratiques de femmes artistes dont les œuvres pourraient être convoquées et analysées. Dans le domaine des arts plastiques on pense à Louise Bourgeois, Niki de Saint Phalle, Cindy Sherman, etc. En littérature : Virginia Woolf, Annie Ernaux, ou Margaret Atwood…

Maisons et abris « de fortune »

Un dernier axe permettra d’aborder la question du « mal logement ». De nombreux artistes s’intéressent aux sans-logis et réalisent des abris répondant aux besoins de cette population (Krzystof Wodickzko, Michael Rakowitz,…). Ces créations, dont certains auteurs comme Dominique Baqué2 remarquent qu’elles soulèvent des questions éthiques, montrent la difficulté de remédier au problème complexe de l’exclusion. Dans cet axe, on peut aussi analyser les territoires des « bidonvilles » et des « favelas », d’un point de vue géographique, sociologique, mais également à travers les projets d’artistes qui s’en sont inspirés (Tadashi Kawamata, Marjetica Potrc, JR).

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Les communications dureront une trentaine de minutes. Merci d’envoyer vos propositions de contribution (500 mots) ainsi qu’une courte biographie aux organisatrices de la journée d’étude avant le 31 janvier :

Marie Escorne (Université Bordeaux Montaigne) marie.escorne@u-bordeaux-montaigne.fr

Barbara Bourchenin (Université Bordeaux Montaigne) barbara.bourchenin@u-bordeaux-montaigne.fr 

 

 

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1 Gaston Bachelard, La Poétique de l’espace, Paris, PUF / Quadrige, 2001, p. 26.

2 Dominique Baqué, Pour un nouvel art politique, Paris, Flammarion, 2009.