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Le médiévalisme au Québec. Études, représentations et usages du Moyen Âge dans la société québécoise (Québec)

Le médiévalisme au Québec. Études, représentations et usages du Moyen Âge dans la société québécoise (Québec)

Publié le par Marc Escola (Source : Raphaëlle Décloître)

DATE BUTOIR REPORTEE AU 1er JUIN pour les propositions de doctorantes et doctorants ou jeunes chercheurs
Possibilité de postuler à une aide à la mobilité proposée par l'association "Modernités Médiévales" (détails ici)

Au premier abord, tout semble séparer la culture québécoise de celle du Moyen Âge, essentiellement dans la mesure où le Québec, « société neuve » (Bouchard, 2000), apparaît par définition comme un espace géographique exclu de la période médiévale, que la fragmentation conventionnelle de l’histoire fait habituellement se terminer avec la « découverte » des Amériques. Or ce découpage – par ailleurs contesté de plusieurs façons (Le Goff, 2004; Baschet, 2006) – tend à dissimuler certaines réalités pourtant incontestables : la basilique Notre-Dame de Montréal arbore un vocabulaire architectural inspiré du gothique français, les principales bibliothèques universitaires du Québec conservent des dizaines de livres d’heures et autres manuscrits médiévaux, et l’imaginaire médiéval imprègne autant la vie intellectuelle et religieuse que les productions littéraires québécoises, à un point tel qu’on en trouve des traces dans des œuvres aussi diverses que celles de Réjean Ducharme et de Bryan Perro. Contre toute attente, le Québec se présente comme une terre fertile de médiévalisme, que l’on peut définir comme « la réception du Moyen Âge aux siècles ultérieurs » (Ferré, 2010), sa persistance dans la culture occidentale.

Le colloque « Le médiévalisme au Québec : études, représentations et usages du Moyen Âge dans la société québécoise » (Québec, 6, 7 et 8 février 2025) sera l’occasion d’explorer cette persistance, à travers l’étude des manifestations, matérielles et idéelles, du Moyen Âge dans la société et la culture québécoises. Le cas québécois est à cet égard particulièrement intéressant, en raison du positionnement distinctif du Québec, analogue à celui du Canada anglais (Brush, 2010), dont le double héritage médiéval, anglais et français (Toswell et Czarnowus, 2020), a alimenté un médiévalisme riche et multiple, déployé dans un nombre considérable de domaines (architectural, politique, littéraire, audiovisuel, idéologique, religieux, etc.). Pourtant, en dépit de travaux pionniers (Gingras, 2016; Moran, 2016; Guyot, 2015; Livernois, 2012; Dunn-Lardeau, 1999; Angers, 1995) et d’un colloque tenu en 2015, prometteur d’un chantier à ouvrir1, le médiévalisme québécois reste un objet à penser dans toute sa complexité, et dans une perspective qui transcende les spécialités académiques. Cet événement se veut ainsi un espace de discussion interdisciplinaire, pour appréhender les manifestations du Moyen Âge au Québec dans toute leur diversité d’expression. Il s’agira plus spécifiquement de repérer ces manifestations et d’identifier les caractères originaux du médiévalisme québécois, mais aussi d’interroger les logiques sociales qui président à leur existence et qui gouvernent leur modalité d’incarnation. L’objectif général est d’aller au-delà des conclusions généralement formulées à propos de la récupération du Moyen Âge (à savoir que celui- ci nourrit une vision ambivalente, tantôt positive, tantôt négative), pour potentiellement révéler, par le médiévalisme, des mouvements de fond de la culture et de la société québécoises.

Pour ce faire, il conviendra de s’intéresser tant aux manifestations matérielles qu’idéelles du Moyen Âge au Québec. Les « manifestations matérielles » renvoient ici à l’héritage direct du Moyen Âge, ce qui recoupe les présences effectives du Moyen Âge au Québec (dans les archives, les collections muséales et l’architecture, par exemple), mais également les continuités structurelles (la permanence, sur le territoire québécois, de certaines des structures politiques, culturelles et religieuses de la période médiévales). Les « manifestations idéelles » renvoient quant à elles à l’imaginaire médiéval (la manière dont les fictions du Moyen Âge nourrissent nos productions culturelles et artistiques), mais aussi au Moyen Âge imaginaire (à savoir la façon dont la vision plurielle que l’on se fait de cette période investit les discours politiques, les récits littéraires et l’histoire intellectuelle).

À partir de ces deux grands axes, les interventions pourront s’ancrer dans différentes disciplines (histoire, littérature, histoire de l’art, philosophie, architecture, etc.) et pourront porter sur les thèmes suivants, sans s’y restreindre :

  • L’importance de la période médiévale dans l’imaginaire, à la fois intellectuel et artistique, du catholicisme;
  • La fondation des instituts d’études médiévales au Québec;
  • L’enseignement de l’histoire, de la littérature, de la philosophie et de la théologie du Moyen Âge dans les collèges classiques;
  • Les références au Moyen Âge dans la critique des villes de compagnies;
  • Les persistances seigneuriales au Québec;
  • La féodalité et le féodalisme dans l’interprétation du passé canadien-français;
  • La citation architecturale des formes gothiques dans les bâtiments (églises, universités, gares, etc.);
  • Le recours à la symbolique médiévale;
  • Les usages idéologiques du Moyen Âge;
  • L’histoire intellectuelle du médiévalisme au Québec;
  • Les intertextes médiévaux et les renvois au Moyen Âge dans la littérature;
  • L’imaginaire médiéval à l’ère de « fondation » de la littérature québécoise;
  • L’importance du médiévalisme dans le processus d’autodéfinition propre aux petites nations;
  • Les persistances de la langue médiévale dans le français parlé au Québec;
  • La création du mythe de la grande noirceur comme analogon de l’époque médiévale;
  • Le recours à l’iconographie médiévale dans les mouvements sociaux;
  • Les convocations du Moyen Âge dans les prises de position sur la société et l’histoire québécoises;
  • Les usages du Moyen Âge dans la rhétorique des nouveaux mouvements d’extrême-droite;
  • Le Moyen Âge des musées et des collections;
  • Les Scandinaves dans le golfe du Saint-Laurent : une spécificité du médiévalisme québécois ?;
  • Le Moyen Âge des films et des jeux vidéo;
  • L’imaginaire médiéval dans les œuvres jeunesses;
  • Le duché de Bicolline et autres grandeurs natures;
  • L’organisation des fêtes médiévales de Québec;
  • Le médiévalisme québécois en regard des médiévalismes d’autres nations;
  • Le cas québécois comme possible mise à l’épreuve de la théorie sur le médiévalisme.

Nous invitons celles et ceux qui souhaitent participer à ce colloque à soumettre des propositions portant sur les thèmes ci-haut ou sur d’autres objets qui leur sembleraient pertinents au regard de la problématique. La soumission doit comprendre les éléments suivants :

le titre de la communication; un résumé de l'exposé d'environ 200 mots; les coordonnées du présentateur ou de la présentatrice (nom, prénom, statut, établissement, adresse électronique); une courte notice biobibliographique (5 lignes maximum).

Merci de faire parvenir votre proposition de communication avant le 21 avril 2024 à l’adresse suivante : medievalisme.quebecois@gmail.com. Les propositions de sessions sont aussi les bienvenues.

Une demande de subvention pour ce projet est en cours d’élaboration. Nous espérons pouvoir défrayer, en partie ou en totalité, les frais de déplacement et d’hébergement des conférenciers et conférencières.

À la suite de leur présentation, les participant.e.s seront invité.e.s à soumettre une version bonifiée de leur communication afin de constituer un ouvrage collectif sur la question.