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Sincérité de Paul Nougé

Sincérité de Paul Nougé

Publié le par Marc Escola

Il y a cent ans, alors que paraissait à Paris le premier Manifeste du surréalisme, Paul Nougé (1895-1967) et ses comparses publiaient les premiers "tracts" de Correspondance. L’aventure surréaliste en Belgique débutait et l’on sait aujourd’hui le rôle cardinal joué par Nougé – « la tête la plus forte du surréalisme en Belgique », selon Ponge – dans le mouvement, et ce malgré sa propension à l’effacement. Sortie de l’anonymat par ses disciples, en particulier par Marcel Mariën, son oeuvre, fondamentalement polémique et allusive, a été recontextualisée grâce au travail de chercheurs qui ont identifié les "cibles" visées par Nougé, donnant ainsi accès aux enjeux de textes qui ne prennent sens que d’être adressés. Son œuvre n’en reste pas moins énigmatique, tant sa pensée, aux plans éthique, esthétique et politique, est radicale et exigeante. Tout son travail s’ancre en effet dans une réflexion tout à fait originale sur la nature du discours et les conditions du lien social, plus fondamentalement : sur la possibilité même de l’échange et sur l’ampleur du malentendu. Cette réflexion le conduit à développer des stratégies d’écriture et de création qui en prennent acte en toute lucidité et qui recherchent une issue dans différents procédés – l’effacement, l’anonymat, l’allusion, la réécriture, l’équivoque –, autant de procédés qui dynamitent l’opposition entre sincérité et duplicité. La revue en ligne Textyles consacre un sommaire à "Paul Nougé. La duplicité de l’esprit sincère", sous la direction de Paul Aron et Pierre Piret.