Appel à contribution #1 : La Phrase (FPC n° 13, 2017)
La phrase sera prise comme l’unité linguistique dont sont constitués la plupart des textes, poétiques
ou non, et formant un ensemble structuré et autonome, dans lequel les éléments lexicaux sont
organisés selon des relations syntaxiques et qui présente une unité sémantique, laquelle à son tour
s’inscrit dans l’organisation logique et discursive du texte.
En tant que candidate au statut d’élément formel du texte poétique, la phrase sera ici conçue
comme présentant deux faces : sa dimension syntaxique et sa fonction textuelle. Dans le contexte de
la modernité poétique, ces deux dimensions font l’objet d’évolutions, d’opérations et d’expérimentations
propres à lui conférer, à côté d’autres aspects, ce statut formel d’indice de poéticité.
Sur le plan syntaxique, la phrase peut être simple ou complexe, de la période à la phrase nominale
sans verbe ; elle peut être anaphorique, répétitive, cumulative, personnelle ou infinitive, complète
ou incomplète, etc. Le niveau de complexité syntaxique de la phrase, sa structure et même son
rythme font l’objet de choix du poète qui s’avèrent stylistiques. Celui-ci peut la respecter dans sa
grammaticalité et dans les conventions de la langue et du discours poétique traditionnel, ou tendre à
l’abolir dans sa forme canonique et lui substituer d’autres modes, qui peuvent aller jusqu’à mettre
en tension le texte poétique et en danger la communication. Chacun des points de notre définition
initiale peut ainsi être mis en cause ou nié par la pratique du poète.
Enfin la phrase interagit forcément avec les formes poétiques, vers ou prose, ou constitue le lieu
moléculaire de leur application. Y a-t-il une spécificité de la phrase en prose poétique ? Dans le cas
des poèmes en vers, qu’ils soient métriques ou libres, la façon dont vers et phrase s’articulent est
déterminante dans le développement du formalisme propre à chaque poète, de la concordance
absolue (coïncidence des unités métriques et syntaxiques) à la discordance (enjambement, rejets,
fragmentation). De nombreuses pratiques confirment que la phrase est un enjeu majeur de la forme
poétique, qu’il s’agit d’interroger.
Les questions imaginables dans cette perspective sont nombreuses, et chacun est invité à trouver
les siennes ; par exemple : quel effet poétique produisent la phrase nominale, la fragmentation
de la phrase, le recours aux phrases à structure minimale ? que fait le vers à la phrase ? comment la
phrase interagit-elle avec le vers ? la phrase d’un poète peut-elle se définir ? évolue-t-elle dans son
oeuvre ? varie-t-elle selon les formes utilisées (prose, vers métrique, vers libre) ? la phrase est-elle
traitée de façon différente selon les aires linguistiques ou les traditions littéraires ? la phrase poétique
a-t-elle évolué avec le temps et la succession des poétiques ?
Les propositions de contributions attendues respecteront les directives suivantes :
– choisir un corpus représentatif et contemporain (20e et 21e siècles, un poète, une époque, un courant
ou une école, une revue, un paradigme ou un discours poétique, une comparaison) ou aborder
une question générale (théorique ou technique) ou transversale ;
– choisir un ou plusieurs points de vue d’observation (syntaxe, lexique, diction, prosodie, métrique,
pragmatique, discours, etc.) selon le(s)quel(s) aborder la question de la phrase dans ce corpus ou
selon cette question ;
– définir la méthode ou la démarche, théorique ou pratique, qui leur sera appliquée.
Longueur des contributions : voir supra.
Délai d’envoi : fin septembre 2017 (il est souhaitable de manifester préalablement son intention, en
envoyant un titre et un résumé éventuel).
Date de publication : 1er semestre 2018.
Adresse d’envoi: gerald.purnelle@ulg.ac.be, mdelville@ulg.ac.be